Christian Paillard est un entrepreneur qui a de la suite dans les idées. Il est en effet à l’origine de plusieurs entreprises dans le domaine de l’éclairage (Alterlite en 2012, spécialisée dans les éclairages de scène et d’événementiels, et SPX Lighting en 2015, concepteur et fabricant de solution d’éclairage pour la muséographie) créées en région parisienne.
Berrichon de cœur, puisqu’il a vécu son enfance du côté de Liniez, il a fini par rapatrier SPX Lighting dans l’Indre en novembre 2021, pour développer son activité grâce à une main-d’œuvre et des compétences manuelles très présentes sur le bassin d’emploi local, une meilleure écoute des collectivités et institutions locales et un coût fiscal moindre permettant plus d’investissements dans l’outil de production.
Le Berry, terre d’assemblage
Avant de revenir en Berry, Christian Paillard avait également pris des parts en 2017 dans Likecase, une entreprise de Beauvais conceptrice et fabricante de « flight cases » sur mesure (emballages techniques en bois conçus pour le transport et la manutention de tous types d’éléments, équipements et appareils) dont Alterlite et SPX Lighting étaient (et sont toujours) clientes. En parallèle du déménagement de SPX à Issoudun, il en devient le pdg et entreprend de lui faire prendre le même chemin.
C’est ainsi qu’après avoir racheté l’ancien local Ciel Bleu pour sa société de spots muséaux, il acquiert le bâtiment voisin qui abritait jusqu’au printemps 2022 les établissements Gavend pour y établir Likecase. « J’ai toujours souhaité créer des synergies entre les trois entités. Quand l’opportunité de rapatrier Likecase à Issoudun, tout à côté de mon autre entreprise, s’est fait jour, je n’ai pas hésité. De nombreux éléments faisaient que nous ne pouvions plus rester dans l’Oise. Le bâtiment était en mauvais état et loin de mes deux autres sociétés. De plus, le débit Internet n’y était pas fameux, ce qui est problématique quand on travaille sur des logiciels aussi pointus que Solidworks et qu’il faut pouvoir envoyer des plans très rapidement à nos clients. Nous avons ainsi pour principe de faire une proposition technique sous huitaine à chacun de nos clients et, une fois le bon à tirer pour la production donnée, d’être les plus réactifs possibles dans la fabrication, nos clients étant souvent pressés », explique-t-il.
Des synergies inter-entreprises
Si l’ingénieure développement, et un commercial, sont restés dans l’Oise « pour garder un point d’attache sur le nord de la France et de la région parisienne », l’unité de production (qui comprend notamment un centre d’usinage, une ligne de découpe bois à commande numérique muni d’un groupe d’aspiration et une poinçonneuse pour les cornières aluminium) avait rejoint dès l’été 2022 les réserves de SPX. Avant de prendre possession de ses nouveaux espaces en janvier, l’équipe a été renforcée avec l’embauche d’un dessinateur, deux monteurs et trois intérimaires dédiés au montage des caisses en bois à cornières aluminium et à l’intérieur rembourré en fonction des pièces à protéger d’une manutention parfois peu tendre avec le matériel.
Quant aux synergies précédemment évoquées, elles se concrétisent notamment par le fait que les deux sociétés partagent le même directeur de production, Philippe Tourlet-Pasquier. Mais aussi par la promotion réalisée par SPX et Alterlite auprès de leurs propres clients des produits imaginés et conçus par Likecase en fonction des besoins et spécifications de ses clients aux profils aussi divers que leurs activités.
Moutons à cinq pattes pour clients prestigieux
Likecase s’est en effet spécialisée dans la réalisation de toutes petites séries, ces « moutons à cinq pattes » que ses concurrents ne veulent pas faire. Elle apporte également un conseil technique, à la fois sur les composants, les techniques de calage ainsi que sur l’aménagement intérieur de ces emballages de transport réalisés en panneau mutiplis de bouleau de Finlande. Elle peut ainsi répondre aussi bien à des demandes du secteur événementiel (groupe Dushow, Win-Win) que sportif (Peugeot sports, Luxury Racing, Citroën Sports), ainsi que de celui du luxe (Nocibé, Vuitton) ou des grandes firmes industrielles (Danielson équipements, Eiffage).
« Nous avons en cours une commande pour des flight cases destinées à transporter des moteurs de la Formule W, la série monoplace destinée aux femmes par la Fédération internationale automobile (FIA). L’an passé, nous avons déjà réalisé pour elle un caisson spécial pour le transport d’une Formule E Gen3*. Nous travaillons également sur une vingtaine de boîtes incorporant des écrans (et donc les prises de ventilation destinées à les refroidir) en vue de servir de présentoir interactif lors de salons pour le compte de Massey-Ferguson » ajoute Christian Paillard.
Une montée en charge d’ici la fin de l’année
La reprise de l’activité mondiale devrait ainsi lui permettre de surmonter ses difficultés actuelles de trésorerie liées à l’arrêt du secteur événementiel total en 2020 et partiel en 2021 et d’absorber le gros investissement qu’a représenté son transfert en Berry. Désormais à l’aise dans son nouveau site, Likecase va progressivement trouver son rythme de croisière. À terme, il est envisagé le recrutement de cinq autres collaborateurs toujours pour la partie montage.
La production devrait ainsi atteindre les 1 000 flight cases, que la TPE peut aussi logoter par gravure à la demande, d’ici décembre 2023. Ce faisant, le chef d’entreprise table sur le fait de retrouver le chiffre d’affaires d’avant Covid-19 (800 k€), lorsque les produits de la TPE étaient manipulés par les roadies des concerts d’Indochine, Céline Dion, Katie Melua, Catherine Ringer, Melody Gardot ou bien encore les Rolling Stones.