Comme bien d’autres secteurs d’activité, les métiers de l’imprimerie sont soumis à un grand questionnement quant à leur pérennité et à leur façon d’aborder l’avenir. Dématérialisation de toutes les factures à court terme, arrêt de l’impression de tracts publicitaires par certaines grandes enseignes commerciales, demandes en baisse des affiches et autres flyers d’événements remplacés par une communication digitale par leurs organisateurs, tout concourt à amenuiser progressivement l’activité traditionnelle de l’imprimerie de labeur.
Chez Matarese, historique imprimerie de l’agglomération castelroussine, la prise de conscience d’un marché qui allait se réduire de plus en plus a été anticipée par Nicolas Chapeyrou et Stéphane Martinat, aux commandes depuis 2007. « Nous sommes venus au carton un peu par hasard, en 2015, à la suite d’une demande de Pyrex, un de nos clients les plus fidèles, alors que nous étions encore dans nos anciens locaux de 700 m² rue Bergson à Châteauroux. Le marché du papier commençait à décliner. Cette proposition nous a amenés à revoir notre stratégie de développement. Si nous étions restés une imprimerie « papier » et dans le site où M. et Mme Matarese avaient créé leur entreprise en 1963, nous ne serions peut-être plus là aujourd’hui » glisse Nicolas Chapeyrou.
« Travailler le carton et le papier, ce sont deux métiers assez différents, même si pour le grand public, cela reste de l’impression. Cela a donc été un grand changement dans notre manière de procéder à l’atelier » avoue Stéphane Martinat. « Commercialement, entre le labeur et le packaging, nous n’avons plus les mêmes interlocuteurs. Auparavant, nous travaillions avec les services marketing et commercial. Dorénavant, ce sont plutôt les services production ou industriels avec qui nous sommes en contact », renchérit son co-gérant.
Un virage important vers l’emballage et le packaging
Après un déménagement en 2017 sur la zone artisanale de Grandéols, dans des locaux de 2 300 m² achetés à Châteauroux Métropole, l’entreprise a continué son virage vers l’emballage et le packaging carton. « Nous réalisons déjà toutes les déclinaisons Grande Distribution pour La Maison Française du Verre (maison mère de Pyrex et Duralex). Nous avons également des marchés avec les Laboratoires Fenioux, le Domaine apicole de Chézelles et le Groupe BNP », expliquent les deux co-gérants. Des débuts encourageants ont été quelque peu perturbés par le conflit russo-ukrainien qui a fait exploser le coût matière et énergie.
« Si la période Covid nous a finalement peu impactés, c’est en 2022, à cause de la guerre en Ukraine que nous avons eu recours à un PGE résilience de 244 k€ pour financer notre stock de matière » avoue Nicolas Chapeyrou. Malgré ces difficultés conjoncturelles, les deux dirigeants ont poursuivi la réorientation de l’entreprise qui a déclaré en 2022 un chiffre d’affaires d’1,7 M€ (soit le triple de ce qu’il était lors du rachat en 2007).
Dans le même temps, l’acquisition d’une machine de découpe automatisée de marque Eterna, d’un montant de 480 k€ a été facilité par une subvention régionale à hauteur de 40 % de type FEDER, dans le cadre du plan France Relance « Investissements industriels en région Centre-Val de Loire ». Après cette première étape de modernisation du parc machine, Matarese vient de se doter pour 170 k€ en fonds propres d’une plieuse-colleuse également de marque Eterna (photo) capable de façonner jusqu’à 9 000 pièces cartonnées à l’heure. Le but est double : en évitant de continuer à faire du façonnage manuel, l’imprimerie s’ouvre également la possibilité de se placer sur certains marchés qui lui étaient inaccessibles jusqu’alors pour des raisons de productivité.
Se donner les moyens de viser plus haut
Les perspectives s’annoncent intéressantes, grâce à la montée en puissance et en compétences de leurs salariés sur cette nouvelle machine arrivée en août. Pour autant, les deux dirigeants pensent déjà au coup d’après. Ils envisagent ainsi de doter l’atelier d’un module automatisé qui permettrait d’absorber toujours plus d’opérations de manutention en bout de chaîne d’impression, afin de profiter au maximum des capacités de la plieuse-colleuse qui peut aller jusqu’à 90 000 passes à l’heure.
En parallèle de ces investissements, l’équipe (16 employés) s’est agrandie récemment avec l’embauche en CDI d’un jeune qui venait de terminer son apprentissage dans l’entreprise, et l’entrée grâce au dispositif ARDAN Centre-Val de Loire d’un autre jeune. L’imprimerie travaille également avec l’agence Com’Bawa pour dynamiser son image et la faire coïncider avec son nouveau cœur de métier.