Quatre ans après avoir repris l’entreprise familiale, Régis Bauché et Thierry Rodier, cousins et associés, peuvent être fiers du chemin parcouru. Leurs petites mains, accompagnées par Marie-Noëlle Aptel et Marie N’Guyen, œuvrent tout au long de l’année à la réalisation soignée de sacs à main et de pièces de maroquinerie (sangles, doublures, poignées, passementerie) pour des sacs haut de gamme destinés aux plus grandes maisons du luxe.
Lorsque l’entreprise a démarré son activité début 2021, le pari semblait audacieux. Régis Bauché, fils de Michèle Bauché (qui a dirigé plusieurs ateliers de maroquinerie à Villedieu-sur-Indre durant une trentaine d’années, ndlr) s’appuyait alors sur les deux employées précitées et quelques machines déjà bien rodées dans un tout petit local du 24 rue Jules Descoutures du village, pour répondre aux premières commandes du genre. « L’activité a été rapidement très intense. Nous avions 200 pièces à sortir par semaine, dont une grosse partie faite uniquement à la main » précise Marie-Noëlle, la responsable d’atelier forte de près de 40 années d’expérience en confection et en maroquinerie au sein de grandes maisons.
Aujourd’hui, le sérieux et l’expertise de la PME en matière de travail du cuir lui ont apporté une vraie légitimité auprès de plusieurs grands donneurs d’ordre. L’effectif a atteint les 42 employés, en grande majorité des femmes, répartis sur une soixantaine de postes de travail : points main, teinture, verrage (meulage du cuir), machines à coudre, presses, refondeuse, pareuse, marquage à chaud, encolleuse. La PME embauche encore, sur des CDD pour le moment, afin d’absorber un gros surcroît d’activité en cette fin d’année.
Thierry Rodier, qui a rejoint l’aventure comme associé début 2022, précise que les recrutements s’effectuent via une excellente collaboration avec France Travail. Les deux hommes alternant entre l’embauche de collaborateurs expérimentés qui souhaitent rejoindre une entreprise familiale et l’embauche de personnes sans emploi en quête d’une nouvelle expérience. « Nous sommes extrêmement fiers du savoir-faire de nos collaborateurs », expliquent les dirigeants d’ATV, « ce qu’ils réalisent au quotidien mérite d’être mis en valeur, tant par la précision de leur travail que par les nombreux efforts que cela nécessite au quotidien ».
L’heure de la diversification
« Pour le moment, tout se passe très bien », acquiesce Régis Bauché qui annonce un chiffre d’affaires, en forte croissance pour l’année 2024. « Tous les ans, nous investissons dans de nouveaux matériels pour répondre au niveau d’exigence de nos gros clients du luxe. Mais avec l’équipe dirigeante, nous sommes conscients de la fragilité de notre statut de sous-traitant. De fait, nous travaillons aussi sur de nouvelles idées pour assurer la pérennité des emplois de nos collaborateurs et collaboratrices dans un souci évident de diversification. »
Début 2024, l’équipe de l’Atelier de Villedieu a eu l’idée d’allier innovation et recyclage de vieux vêtements sportifs pour créer une nouvelle marque de produits de maroquinerie grand public. Le premier modèle de cette nouvelle gamme était un sac à dos intégrant un ancien maillot du club de rugby de Buzançais où les deux cousins avaient évolué au cours de leurs jeunes années. Présenté de façon informelle aux dirigeants du club, celui-ci a immédiatement plu et devrait faire l’objet de plusieurs commandes. D’autres clubs de rugby, comme le RCM Déols, l’Ovalie déoloise ou le RAC Châteauroux, ont également montré leur intérêt pour en acquérir pour leurs licenciés.
Thierry Rodier espère que d’autres associations sportives seront séduites à leur tour, tant par la qualité de l’ouvrage 100 % made in Berry, que par le prix. « En sortie de notre atelier, on arrive à 40 à 50 euros pour un sac unique, personnalisé, utilisable par les sportifs ou par leurs enfants, soit au même prix qu’un sac réalisé à l’étranger, dans des conditions souvent plus que discutables… », glisse-t-il.
Des sacs personnalisables, 100 % made in 36
Cette démarche d’Upcycling (surcyclage en bon français, ndlr) peut également concerner d’autres habits, comme des polos ou des chemises, Marie-Noëlle et ses troupes ayant déjà travaillé à la conception de sacs cabas réversibles ou des sacs de bowling (photo ci-dessous) à base de ces vêtements plus portés car devenus trop petits ou parfois un peu usés, mais qui ont toujours une vraie charge affective.
« On répond au marché et au contexte sociétal et environnemental par le biais de cette forme de recyclage amélioré. On a une carte à jouer dans cette activité de niche, à l’heure où le monde du sport génère 100 000 tonnes de déchets en France », explique un Régis Bauché qui a commencé à en faire la promotion via un publireportage sur le journal bien connu des amateurs de jeu à XV, Midi Olympique.
Outre ces inventions, la diversification ne s’arrête pas là puisque l’atelier a créé une nouvelle marque : ‘’Maison IDEM’’, celle-ci se développe autour des activités de la réparation, de l’accessoirisation et de la personnalisation de sacs haut de gamme, avec l’ouverture prochaine d’un site dédié au grand public. « Comme l’upcycling, notre positionnement est de proposer des offres complémentaires au secteur de la maroquinerie afin de répondre aux besoins actuels des consommateurs », concluent en choeur les deux dirigeants.