Un dicton populaire dit que « Plus c’est long, plus c’est bon ». Pas sûr que Delphine Chambonneau soit tout à fait d’accord avec cette maxime, elle qui a dû attendre trois années pour pouvoir enfin ouvrir son commerce place Monestier. En effet, après avoir terminé un contrat de trois ans comme conseillère économique au consulat de France à Shanghaï, la Castelroussine d’origine revenait courant 2019 dans sa ville natale avec un projet bien avancé d’ouverture d’un coffee shop. Elle prenait contact avec Benjamin Losantos, manager du commerce CCI Indre / Châteauroux Métropole, pour trouver un local suffisamment spacieux en centre-ville « pour pouvoir accueillir du public toute la journée ». Son choix se portait sur un ancien magasin dédié aux arts de la table fermé depuis près de vingt ans place Monestier.
Alors que les discussions avec les propriétaires avaient enfin abouti début février 2020 pour la reprise de tout le rez-de-chaussée et qu’une ouverture pouvait être estimée en fin de cette même année, arriva l’impensable pandémie mondiale qui allait déjà mettre un premier coup d’arrêt au projet. Le début d’une longue période d’incertitudes qui n’a pas empêché la néo-entrepreneuse de mener son projet à bien : « Il aura fallu beaucoup de temps et de courage pour surmonter tous les obstacles qui se sont dressés sur le chemin. Le confinement de mars à mai 2020, les restrictions sanitaires sur le chantier et les absences des ouvriers, les discussions avec les banques qui ne voulaient pas financer un projet porté par une femme seule dans la restauration, un secteur alors dans le rouge, le deuxième confinement de novembre 2020, les décalages des travaux en 2021 puis à cause de la grêle en 2022… Heureusement, j’ai pu compter sur des entreprises formidables pour faire le gros œuvre et sur ma famille qui m’a bien aidée tant du point de vue des travaux que moralement. En plus d’un apport plus conséquent de ma part, les prêts que m’ont accordés la BGE (prêt Bpifrance) et la CCI (fonds SOFI) et les aides de la Ville de Châteauroux (fonds Rénovation façades et Aide à l’implantation commerciale) m’ont permis de débloquer la situation vis-à-vis des banques, la Caisse d’épargne Loire-Centre m’octroyant finalement les fonds nécessaires pour boucler le budget », précise celle qui revient ainsi à ses premiers amours, puisqu’elle avait travaillé dans la restauration quand elle était étudiante. « Heureusement, toutefois, que j’ai pu bénéficier des devis signés avant les différentes crises, sans quoi je n’aurais jamais pu arriver au terme de ce projet ! »
Une affaire originale qui tourne bien
Si la crise sanitaire a été une période compliquée pour la restauration des lieux, la jeune femme n’a pas perdu son temps pour autant. Elle a mis à profit ces semaines et ces mois pour suivre plusieurs formations, notamment auprès de l’UMIH, en hygiène, en gestion des stocks et en comptabilité. Elle a également bénéficié des conseils avisés de professionnels du secteur (Schoen distribution et Malongo) pour lancer sa nouvelle activité dans les meilleures conditions.
On l’a vu, redonner vie à ce local entièrement à refaire après tant d’années de fermeture n’a pas été une sinécure. Mais aujourd’hui, le résultat est là. L’Albert coffee shop (Albert en référence au prénom d’un de ses grands-pères) se compose d’un espace intérieur de 130 m² aménagé de façon cosy et d’une terrasse en arrière-cour de 70 m². Particularité des lieux : les clients récupèrent eux-mêmes au comptoir leur consommations (cafés, thés, jus de fruits ou de légumes frais, cocktails, bières en bouteille, vin) servies par Delphine et Cathy ou leurs plats (tartines, sandwiches, salades, quiches) ou pâtisseries (crêpes, cookies…) préparés par Erwann. Il est possible d’y passer toute la journée, pour lire ou pour travailler, passer du temps du temps avec ses amis ou sa famille, déjeuner selon une formule snacking, prendre son goûter en journée et l’apéritif le soir.
Depuis son ouverture mi-décembre, le succès est au rendez-vous, preuve que le concept « voulu comme différent de ce qui se pratique ailleurs » méritait bien les sacrifices et le temps passé à sa réalisation depuis trois ans. Ouvert les mardis et mercredis de 7h30 à 20h et du jeudi au samedi jusqu’à 21h, l’Albert coffee shop accueille également le public le dimanche de 10h à 18h avec une formule brunch (sur réservation) à partir de 11h. Il est également possible de privatiser une partie des lieux en matinée ou en fin de journée pour des petits-déjeuners d’entreprise, des réunions d’association ou des événements privés.
L’affaire tournant bien, Delphine Chambonneau envisage l’avenir plus sereinement et pense déjà au développement commercial de son établissement. Des contacts ont déjà été pris avec le centre de formation de la CCI en vue de recruter un apprenti dans ce domaine dès juin prochain.