Jean-Claude Sauvadon connaît bien la zone de La Martinerie. Il y a un peu plus de vingt ans, il y avait installé son entreprise spécialisée dans le pneu de génie civil et les services afférents, Génie Civil Services.
Au cours des deux décennies suivantes, celle-ci a grandi et s’est diversifiée au point de se multiplier en quatre entités adaptées aux marchés qu’elle visait. Grâce à elle, et à son attrait pour les sports mécaniques et l’Amérique, intervenait au début des années 2010 sa rencontre avec Franck Violas, pilote automobile inscrit dans la Whelen Nascar Euroseries, une série dérivée des célèbres courses Nascar qui déplacent des foules considérables outre-Atlantique.
Avec GCS comme sponsor principal, ce dernier est devenu champion d’Europe en 2018. La réalisation d’une vidéo de remerciements sur le site Pipelife, dont le foncier avait été racheté par Jean-Claude Sauvadon quelques temps plus tôt, a été le point de départ d’un projet qui est en train d’aboutir. « Quand on a tourné dessus, j’ai dit à Jean-Claude qu’il y avait là tout le potentiel pour faire un circuit » explique l’ancien pilote devenu team manager. « On s’est tapés dans la main, en se disant qu’on ferait quelque chose de bien de cet endroit alors à l’abandon. »
Il y a trois ans, après avoir revendu ses sociétés, Jean-Claude Sauvadon a commencé à travailler sur ce projet de zone de loisirs tournée vers les sports auto. Après un long benchmark d’autres sites dédiés au karting, il a voulu créer un concept fort et « avec une âme ». L’idée d’un complexe sportif au décorum US s’est rapidement imposée. « Quand j’ai cédé mes entreprises, j’avais la volonté d’investir à nouveau ici, pour rendre à ce territoire ce qu’il m’avait apporté. Je suis habité par une certaine culture des voitures et des moteurs à l’américaine, ce qui avait déjà influencé ma réflexion. De plus, ici, à La Martinerie, il y a des réminiscences de la période de l’OTAN. C’est assez indéfinissable, mais cela méritait d’être partagé avec les jeunes générations qui ne l’ont pas connue », raconte l’entrepreneur qui s’est associé avec le team manager pour porter cet ambitieux projet au budget confidentiel. La Base US Karting* était née.
L’Amérique comme thématique
Actuellement, les travaux vont bon train. Si les extérieurs ont déjà commencé à changer d’aspect, avec le resurfaçage en asphalte de la future piste de karting outdoor de 800 mètres de développement à l’arrière des bâtiments, et les premiers parkings sur l’avant, les équipes de chantier ont attaqué l’aménagement de la piste indoor de 400 mètres de développement sur deux niveaux dans les anciens sites de production de tuyaux et la création des deux salles de séminaires (l’une de 400 m² panoramique, l’autre de 60 m²) et au restaurant-bar, qui s’appellera… « le V8 » en référence à l’architecture préférée des motoristes américains !
« La piste extérieure reprendra les codes du Circuit des Amériques à Austin (Texas) ou du Castellet, avec des bandes peintes au sol au lieu des bacs à gravier. Quant aux menus servis le midi dans le restaurant, ils tourneront autour d’un plat du jour concocté avec des produits locaux. Il y aura un peu de cuisine à l’américaine, mais pas seulement » précise Jean-Claude Sauvadon. « Le but, c’est de rappeler des moments de vie de l’époque US des années 50-60, comme les strapontins de l’ancien cinéma de la base que nous allons réutiliser, avec le folklore du sport auto américain d’aujourd’hui, dans un esprit populaire et festif, comme sur les circuits là-bas. » Des expositions temporaires de voitures américaines sont ainsi envisagées.
Ces installations devraient ouvrir leurs portes dans le courant du second semestre 2024, et devraient se compléter à la fin du premier semestre 2025 d’un bowling et d’un espace enfants de 600 m² au design en cours d’étude. Au total, il y aura entre 20 et 30 équivalents temps plein, « dont une dizaine de permanents et une bonne part de jobs étudiants », qui seront créés sur cette base de loisirs mécaniques.
Un site écoresponsable
Si la flotte d’une soixantaine de kartings est résolument thermique, la Base US Karting se veut toutefois écoresponsable. Un gros travail sera effectué sur la récupération des eaux de pluie, notamment grâce à une cuve de 80 m3 qu’utilisait Pipelife dans son process de production, pour les réutiliser dans les toilettes et l’arrosage des espaces verts. Des ombrières seront posées sur ses parkings d’une centaine de places pour alimenter le site. « Nous allons retraiter l’eau potable de la zone, chargée en nitrate, pour la proposer à nos clients en lieu et place des bouteilles d’eau en plastique. Nous mènerons ainsi une politique 0 plastique. Nous n’utiliserons pas de charlottes à usage unique pour mettre dans les casques, puisque nous mettrons à disposition des pilotes des cagoules en tissu », argumente celui qui veut faire de ce site « un endroit populaire, absolument pas élitiste ».
* Retrouver du karting sur le site de l'ancienne base américaine de la Martinerie relève d'une certaine logique. En effet, le karting a été créé en 1956 en Californie. Deux ans plus tard, le "Go Kart" (son nom d'alors) débarquait sur une base anglaise de U.S. Air Force. En août 1959, le circuit de Silverstone fut le théâtre d'une démonstration de Go-Kart, point de départ de la règlementation d'un nouveau sport, le karting, par le Royal Automobile Club (RAC) anglais. Le Groupement National du Karting, devenu Fédération de Karting en 1996, naissait pour sa part en 1960.