Lancé par le Premier ministre en novembre 2018 lors du Conseil National de l'Industrie, le programme Territoires d'industrie avait pour objectif de soutenir les territoires les plus industriels du pays dans leur démarche de reconquête industrielle, en tant que volet territorial de la politique industrielle. Selon Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, ce programme s’attache depuis cette date "à renforcer les liens entre élus locaux et industriels pour créer un terreau fertile au développement industriel de nos territoires et travailler sur les enjeux de compétences, d’attractivité des métiers, d’écosystèmes d’innovation, de disponibilités foncières." 149 dossiers, dont celui commun à Issoudun et Châteauroux, avaient été retenus à l'issue du premier appel à candidatures.
Pour mémoire, Territoires d'industrie vise à apporter, dans et par les territoires, des réponses concrètes aux enjeux de soutien à l’industrie : développement des compétences dans le bassin d’emploi, mobilité des salariés, disponibilité du foncier pour s’implanter ou s’agrandir. Ce programme, véritable stratégie de reconquête industrielle par les territoires périurbains, ruraux ou les villes moyennes, avait initié près de 1800 projets portés par des entreprises ou des collectivités locales lors de la première vague 2018-2022. Ce premier volet avait notamment permis au territoire commun Issoudun-Châteauroux de bénéficier d'une aide de 3,7 millions d’euros octroyée par l’État et la Région dans le cadre du plan de relance pour l’industrie, au titre du fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires. LA sauvegarde du site issoldunois de l'AFPA, la création de la plateforme de ressources humaines pour le département Boulevard des Talents, le lancement d'études sur le potentiel de la filière hydrogène et du développement de l'écologie industrielle, la requalification de la zone de La Martinerie à Diors, l'aménagement et l'extension de la zone de la Limoise et la création d'un troisième Village entreprises à Issoudun ou du nouveau hangar de l'aéroport Marcel-Dassault, ont ainsi pu être financés dans ce cadre.
Deux Territoires d'industrie au lieu d'un
Dans la continuité des travaux menés par la loi Industrie verte, le gouvernement a souhaité renforcer l’offre de service du programme en sanctuarisant notamment une enveloppe de 100 millions d’euros du Fonds vert pour l’année 2024 afin d’accompagner la transition vers une industrie verte et la reconstitution des filières historiquement ancrées dans nos territoires. L'actualisation des territoires labelisés a donc été lancée le 11 mai dernier, avec un dépôt des dossiers pour sélection le 22 septembre. Les 183 récipiendaires de cette nouvelle carte viennent d'être désignés.
L'Indre voit son nombre de Territoires d'industrie doubler. Issoudun "va retrouver son indépendance et pouvoir poursuivre le travail mené avec les entreprises" selon Fanny Ries, Maire-adjointe en charge de l’économie et des ENR, alors que Châteauroux s'est associée à la communauté de communes Éguzon-Argenton Vallée de la Creuse et la communauté de communes Val-de-l’Indre Brenne. Cette candidature unique aux trois collectivités a été mise au point "pour convaincre l’État de soutenir particulièrement les filières qui font notre économique locale et nos emplois : l’aéronautique, l’automobile, la métallurgie, le recyclage, l’agroalimentaire, la maroquinerie…" comme l'indique le service Communication de la ville-préfecture.
Le co-pilotage du dispositif sera assuré sur les deux territoires par un élu et par un chef d’entreprise. Ainsi Pierrick James, Président directeur général de SoAirtech et Président de l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) animera le nouveau « Territoire d’Industrie » aux côtés de Gil Avérous pour Châteauroux-Buzançais-Argenton, tandis qu'André Laignel sera secondé par Nel-Yvon Galiu (Safran Seats France).
Des projets ambitieux pour les entreprises et les habitants
Piloté par le délégué aux Territoires d’industrie Jean-Baptiste Gueusquin, Territoires d'industrie II doit renforcer les soutiens en ingénierie pour les territoires, en cofinançant jusqu’à 70% la mise en place de chefs de projet aux territoires d’industrie dans les collectivités pour assurer l’animation et le soutien aux industriels.
Du côté d'Issoudun, une ville qui compte 30 % d'emplois industriels (source : www.issoudun.fr), l'objectif est multiple. Ce programme servira à valoriser les métiers de l'industrie auprès des jeunes, à mettre en adéquation les compétences attendues et les formations dispensées notamment par l'AFPA, à faire adopter une démarche d'écologie industrielle au travers de la gestion des ressources naturelles, de la gestion et de la valorisation des déchets, ainsi qu'à poursuivre le développement de la zone industrielle de la Limoise. Territoires d'industrie II permettra également de "mobiliser les partenaires pour faciliter la réinsertion par l'emploi pour viser le plein emploi" pour le volet social, tout en favorisant le volet entrepreneurial grâce à "l'accompagnement vers l'Industrie 4.0 pour plus de flexibilité, d'agilité et de productivité" selon Fanny Ries.
Concernant Châteauroux Métropole et les Communautés de communes Val de l'Indre-Brenne et Éguzon-Argenton Vallée de la Creuse, les projets sont également multiples. Les zones d'activités seront réhabilitées (ZI Les Sergents à Celon), étendues (ZA de Villedieu-Niherne, par acquisition de foncier pour une surface de 20 hectares), requalifiées (ZI de La Martinerie à Diors ou ZI de Buzançais) ou bénéficieront d'une montée en gamme des services en matière d'approvisionnement énergétique aux entreprises désireuses de s'installer (Ozans, à Etrechet). Le programme Territoires d'industrie devrait également permettre de reconvertir certaines friches industrielles (Cerabati, Barilla Grand Pré - ex-Harry's...), de réactiver le fret ferroviaire sur la gare de Saint-Marcel, de créer un plateau technique dédiés aux métiers de l'aéronautique, de soutenir la filière automobile en pleine mutation énergétique, de promouvoir les métiers de l'industrie tous secteurs confondus, et de mettre en place des espaces d'hébergement pour les apprentis et les jeunes travailleurs. Enfin, le projet Hyber (production et distribution d'hydrogène comme énergie alternative) entrera dans une nouvelle phase de son développement, tandis qu'un soutien financier et un soutien en ingénierie pourront être apportés à divers projets d'investissements industriels sur ces trois intercommunalités.