L’industrie est en pleine mutation. C’est ce que de nombreux officiels et visiteurs particuliers ont pu constater au cours de la journée portes ouvertes chez Linamar Light Metals sur la zone de La Martinerie samedi 16 septembre. Plus connue sous son ancien nom de Montupet, l’entreprise spécialisée dans la fonderie et l’usinage de pièces automobiles est en train de franchir un cap important dans son histoire.
Rachetée en 2016 par le groupe canadien LINAMAR, dirigé par Linda Hasenfratz, la PME emploie aujourd’hui 212 personnes sur trois bâtiments respectivement dédiés à la production, à l’usinage et au stockage sur une emprise de 27 000 m², et va produire cette année 580 000 pièces (en grande partie des culasses pour moteurs thermiques pour les gammes Audi, Renault-Nissan, Daimler-Mercedes) pour un chiffre d’affaires avoisinant les 42 M€. « À ce jour, notre outil de production est dimensionné pour 1 million de pièces, avec quatre fours de fusion aluminium, neuf fours électriques de maintien et six centres d’usinage très perfectionnés, explique Boualem Bachene, directeur des opérations du site diorsais. L’usine s’est fortement robotisée ces derniers mois et va continuer à se moderniser dans le but de diminuer le nombre de tâches manuelles, parfois pénibles, que devaient effectuer nos employés. »
Boualem Bachene l’assure : « Le monde de la fonderie a changé. Aujourd’hui, on parle plutôt de pilotage d’installations, plus de manutentions difficiles. La volonté de Linamar Châteauroux est d’ouvrir à la diversité, le monde de la fonderie n’est plus exclusivement masculin. »
Un plan d’investissement de 24 M€ est effectivement mené par le groupe pour permettre à l’usine berrichonne de gagner en efficience et de s’adapter à la nouvelle donne dans le monde de l’automobile. L’heure est à la réinvention, au moment où la priorité a été donnée par l’Europe aux véhicules à moteur électrique. Le temps des culasses classiques, qui n’existent pas sur ces derniers, oblige Linamar Light Metals à repenser son activité.
Aujourd’hui, l’usine ne se contente plus de concevoir et de fabriquer de « simples » pièces en métal. Elle peut proposer à ses clients des pièces de fonderie complexes et totalement usinées avec de nouvelles prestations, montage de composants, revêtement de surface, intégrés prêtes à être montées sur les modèles auxquels elles sont destinées.
De gros investissements et 70 embauches d’ici 2026
De nouveaux types de pièces (pièces de structure, liaisons au sol, carters de batterie) sont ainsi en cours d’élaboration et de certification auprès de plusieurs donneurs d’ordre européens et américains pour leurs futurs modèles hybrides et 100 % électriques. Cinq grosses commandes allant de 20 000 à 400 000 pièces par an pendant 10 ans devraient faire monter le site en pression d’ici 2027, voire 2030.
Le directeur du site annonce ainsi un plan d’embauche estimé à 70 personnes sur les trois prochaines années. « Après plusieurs années difficiles, due à la perte d’un marché en Iran (2018), au « Dieselgate » (2019), à la Covid (2020) et à la hausse des coûts des énergies et des matières premières (2022), nous entrevoyons de belles perspectives grâce à l’obtention de ces nouveaux marchés. Nous devrions retrouver en 2026-2027 le chiffre d’affaires qui était le nôtre en 2017 (80 M€, ndlr) et un taux de rentabilité intéressant » précise-t-il.
Des postes de responsable logistique, de technicien bureau d’études, de qualiticien projet, de chef de projet, d’agent infrastructure, de chargé d’activités méthodes et de métrologue, seront ainsi à pourvoir en 2024. 2 050 heures de formation pour faire monter en compétences les équipes en place sont également inscrites au plan de formation 2024.
Plusieurs nouvelles lignes d’assemblage robotisées vont être installées dans les mois qui viennent pour répondre à cette montée en cadence programmée. Ces investissements permettront aussi de réinternaliser des pièces de plus en plus complexes pour gagner en rentabilité. Si la fonderie Linamar de Diors a de beaux challenges à relever devant elle, l’implication de ses salariés ne laisse pas de doute quant à sa réussite.